Désirs d'Avenir - Pays de Vendôme comité local

08 novembre 2006

L'Europe et le monde au coeur de la campagne

Dernier débat télévisé hier soir pour une soirée une 3e fois passionnante et basée sur le respect mutuel des trois candidats.
De ce débat, nous avons vu une candidate offensive, innovante alliant valeurs et réformes en profondeur comme fondement dans les relations internationales. Europe, Turquie, Proche-Orient, ou utilisation du nuclaire ont permis d'éclairer les divergences.


Retour sur les déclarations:

Une politique étrangère fondée sur des valeurs
La politique étrangère et la politique nationale doivent obéir aux mêmes valeurs et aux mêmes principes.
L’exigence de vérité : on a eu trop souvent des discours diplomatiques tenus à l’étranger. Et puis, une fois revenu sur le territoire national, ces engagements n’étaient pas tenus.
L’exigence d’efficacité. Il faudra réformer le fonctionnement des organisations internationales, intégrer les valeurs qui sont les nôtres dans le fonctionnement des organisations internationales, les normes sociales et les normes environnementales.
La sécurité: l’utopie que nous devons rendre réalisable, c’est le règlement du conflit au Moyen-Orient, car beaucoup de déséquilibres du monde dépendent de ce conflit.
Enfin, la lutte contre les inégalités. Aujourd’hui, les conflits les plus exacerbés, les violences les plus tenaces -ou celles qui vont naître dans les années qui viennent- sont dus aux inégalités de développement, à la montée de la pauvreté et à la destruction de la planète par le réchauffement climatique.
C’est pourquoi j’appelle, au plan international, l’élaboration d’un ordre international juste. Je pense qu’un autre monde est possible dans bien des domaines. Si nous ne réglons pas le problème de la sécurité du monde, alors, nous aurons le terrorisme dans nos pays. Si nous ne réglons pas les problèmes d’inégalités, nous aurons l’immigration et la misère. Si nous ne réglons pas le problème de destruction planétaire, nous aurons les catastrophes climatiques. Défendre un autre ordre mondial, c’est aussi défendre les intérêts bien compris de la France.

Reconstruire l’Europe par la preuve
Tous les Etats européens attendent de la France qu’elle se remette en mouvement. Je pense d’abord qu’il faut reconstruire l’Europe par la preuve. Qu’elle réussisse, à lutter contre le chômage, en luttant contre les délocalisations, par exemple, en cessant de subventionner via les fonds structurels les délocalisations en son sein. L’Europe doit faire ses preuves en investissant massivement dans les emplois de demain, c’est-à-dire dans la recherche et dans la protection de l’environnement. Il faut redéfinir les règles du fonctionnement de l’Europe. Un texte court qui dit : qui décide, comment on décide et avec quelles institutions nous décidons…Ces règles seront d’autant plus facilement acceptées par un nouveau référendum du peuple français que l’Europe aura fait ses preuves. Si nous luttons contre le chômage de masse, alors, les Français adhéreront à l’idée européenne. Nous avons aujourd’hui 200 000 chercheurs européens qui travaillent aux Etats-Unis. Voilà un défi concret à relever : faire revenir et garder sur le territoire européen notre potentiel de recherche, d’innovation, de créativité.

Adhésion de la Turquie
: Dans dix ou quinze ans, si les conditions sont remplies… Mais le peuple pourra très bien décider autrement Les négociations ont été ouvertes par le gouvernement de Lionel Jospin. Je pense que l’Etat n’a qu’une parole et que dans le cadre de cette continuité, il n’est pas possible d’interrompre les négociations. Il est prévu que l’intégration de la Turquie se fera par référendum. Le peuple français se prononcera. Aujourd’hui, les conditions ne sont pas remplies. Dans dix ou quinze ans, dans la continuité des engagements internationaux qui ont été pris, la position du chef de l’Etat sera d’expliquer au peuple français, qu’il est pour l’adhésion. Mais le peuple pourra très bien décider autrement… Si les gens voient que leurs problèmes sont réglés et que l’Europe aide à résoudre ces problèmes d’emploi, de sécurité, de pouvoir d’achat, alors, ils auront la générosité de s’ouvrir vers les autres. Une pause dans les nouveaux elargissements Je pense qu’il faut faire une pause. En revanche, il faut rééquilibrer l’Europe vers un dialogue Euro-Méditerranée et accélérer ce dialogue entre l’Europe et le Maghreb et définir une nouvelle politique africaine pour l’Europe. Là aussi, il y a des urgences qui peuvent entrer dans le cadre de coopération européenne renforcée. L’Europe peut avoir la même force, la même dynamique si elle noue avec les pays qui sont autour d’elle des pactes de croissance communs, si elle noue des partenariats privilégiés. Il faut se réjouir que de nombreux pays veuillent entrer dans l’Europe. Ça veut dire que l’Europe, malgré ses disfonctionnements, correspond à un désir des peuples de rejoindre les valeurs qui sont les nôtres : les droits des femmes, les droits sociaux, la diversité culturelle, la façon de défendre la démocratie, le fonctionnement des institutions.

Proche-Orient : il faut que l’Europe occupe toute sa place dans la résolution de ce conflit
Les populations, des deux côtés, sont vraiment au bout de ce qu’elles peuvent supporter. Les tensions, les exacerbations, les humiliations ne font qu’empirer. Il est temps de remettre en mouvement un processus de paix. Il faut parler avec tout le monde. Je suis favorable à la reprise de l’aide au peuple palestinien à condition que cette aide soit contrôlée car la pauvreté, le non-versement des salaires sont source de tensions et de violences. L’Europe a un rôle éminent à jouer. Un groupe de pays volontaires, au sein de l’Europe pourrait faire œuvre de médiation en mettant toutes les parties autour de la table. Aujourd’hui, l’Europe finance, mais ne joue pas un rôle politique à la hauteur.

Agir pour que l’Iran n’ accéde pas au nucléaire
L’Iran a signé le traité de non-prolifération nucléaire : il s’est engagé dans cette voie. Tous les Etats du monde qui tiennent à la paix dans le monde doivent absolument agir pour que l’Iran ne puisse pas accéder au nucléaire. Il faut que l’action diplomatique réussisse pour éviter d’entrer dans une escalade des sanctions, certes, prévues par les textes. Cela signifie peut être aussi qu’il faut reconnaître à ce pays un rôle à jouer dans cette partie du monde, à condition aussi qu’il renonce à certaines déclarations, qu’il renonce à la contestation de l’Etat d’Israël, par exemple. L’action diplomatique doit pouvoir conduire à reconnaître à ce grand pays un rôle dans cette partie du monde, à en définir un certain nombre de conditions, mais surtout à empêcher son évolution vers la maîtrise du nucléaire. Les Russes ont proposé des coopérations dans le cadre de nucléaire civil à l’Iran : je pense que cette solution est beaucoup plus prudente tant que le régime iranien n’aura pas évolué. Il vaut mieux trouver des coopérations pour produire de l’électricité, mais en ne permettant pas aux Iraniens de contrôler tout le processus du nucléaire civil.

Aider l’Irak à stabiliser ses institutions
Il y a un gouvernement démocratique en Irak. L’idée du président actuel, c’est qu’il faut leur laisser le temps de mettre en place ces nouvelles institutions, ce qui permettra aux différentes communautés de coexister, d’apaiser les tensions dans un contexte extrêmement difficile. Il faut faire un effort sur la coopération, l’aide au développement. Ils sont par exemple très demandeurs de soutien dans la reconstruction des universités, des écoles, des abductions d’eau puisque l’accès aux biens élémentaires de la population sont souvent compromis. Lorsque la vie quotidienne est aussi dure, les tensions sont exacerbées. Il faut les aider à stabiliser leurs institutions, leur laisser le temps de décider parce qu’ils sont les premiers demandeurs, au fond, à retrouver aussi leur souveraineté. Il est souhaitable que phase transitoire soit le plus rapprochée possible.

L’Amérique ne se résume pas à George Bush
La France a toujours incarné depuis le Général de Gaulle une forme de fierté, d’indépendance, d’autonomie par rapport aux Etats-Unis. L’Amérique ne se résume pas à George Bush. Nous ne pouvons absolument adhérer ni au concept de guerre préventive, ni au concept de lutte du bien contre le mal, ni au désengagement à l’égard du Moyen-Orient, ni à la tentation de puissance, ni à l’unilatéralisme, ni à cette façon de protectionnisme américain qui à l’extérieur réclame l’ultra libéralisme et à l’intérieur se protège et en particulier l’agriculture américaine. Donc, oui à l’alliance avec le peuple américain: un peuple créatif de culture, imaginatif; et une économie exceptionnelle.Non pour nous laisser prélever nos cerveaux et notre matière grise en Europe. Nous devons tenir notre rang sur la recherche européenne. Nous pouvons aussi rééquilibrer nos relations avec l’Amérique en nous réimpliquant beaucoup plus fortement avec l’Amérique Latine.

Dans le monde instable où nous vivons, il n’est pas question de réduire l’effort de défense de la France
Pour protéger nos ressortissants, pour défendre nos intérêts stratégiques et intervenir sous l’égide de l’ONU, chaque fois que c’est nécessaire. Il n’y aura donc pas de réduction du budget. En revanche, on sans doute remettre à plat un certain nombre de dépenses et dépenser de façon plus efficace dans le cadre de la défense européenne. Les gros investissements militaires devraient être examinés avec nos partenaires dans le cadre d’une nouvelle étape qui doit être franchie sur cette coopération européenne. Le porte-avions que nous avons est immobilisé pendant dix-huit mois tous les sept ans. Nous avons besoin d’une présence permanente en mer. La solution est sans doute de négocier avec les Britanniques pour assurer, dans le cadre de l’Europe de défense, une présence en mer permanente, ce qui permettrait de faire l’économie d’un second porte-avions.
Il faut aussi démocratiser le débat sur la défense : le Parlement doit contrôler les opérations à l’extérieur et mettre en place une commission sur le renseignement. La France doit réussir à imposer une réglementation sur les armes, en particulier l’interdiction des mines antipersonnel et des armes à sous-munitions. Enfin, il faut veiller à ce que la recherche militaire ait beaucoup plus d’implications dans le civil. Aux Etats-Unis cette préoccupation-là est beaucoup plus prégnante qu’en France, dans le domaine des nouveaux matériaux, des télécommunications, de l’informatique, des transports, de la santé. Derrière le budget militaire qui est de 47 milliards d’euros, il y a aussi de nombreux emplois directs et indirects.

Préparer aujourd’hui l’après-pétrole : un des chantiers majeurs pour l’Europe
C’est une politique européenne extrêmement offensive : en particulier, une politique fiscale portant par exemple une TVA vers le taux zéro sur toutes les énergies renouvelables. Dans ce domaine-là, nous devons impérativement montrer l’exemple et entraîner les autres pays européens. Nous avons donné, dans nos modes de développement, un mauvais exemple : nous ne devons pas imposer ce modèle de développement aux pays pauvres. C’est une utopie réalisable que de permettre aux pays qui vivent sous des latitudes chaudes d’accéder au développement grâce à l’énergie solaire. La France sera le pays de l’excellence environnementaleLa crédibilité de ma parole repose aussi sur mes actes : les actes que j’ai accomplis en tant que ministre de l’Environnement et les actes que j’accomplis aujourd’hui. Dans ma région nous respectons désormais le protocole de Kyoto. Nous sommes la première région à avoir installé les capteurs solaires. Nous sommes une des toutes premières régions à faire fonctionner les trains au biocarburant, malgré la charge fiscale. Nous sommes au premier rang aussi pour le rééquilibrage entre les transports publics et la voiture. J’en prends l’engagement, aujourd’hui devant les militants socialistes : la France sera le pays de l’excellence environnementale. Je ne lâcherai pas cet enjeu. Je l’imposerai face à toutes les pesanteurs, y compris dans le domaine agricole, à tous les lobbies dans l’industrie, dans les transports. Partout, pour que les valeurs collectives, pour que l’accès aux biens publics au niveau de la planète l’emportent sur les logiques financières.


Pour aller plus loin:
- lire d'autres déclarations de Ségolène Royal sur la politique étrangère
- sur l'Europe
- voir et participer au débat en ligne sur le site Désirs d'avenir intitulé La France et le monde

1 Comments:

  • " On parle beaucoup d'ordre en ce moment (...)
    Le résultat, c'est qu'on ne peut invoquer la nécessité de l'ordre pour imposer ses volontés. Car on prend ainsi le problème à l'envers. Il ne faut pas seulement exiger l'ordre pour bien gouverner, il faut bien gouverner pour réaliser le seul ordre qui ait du sens.
    Ce n'est pas l'ordre qui renforce la justice, c'est la justice qui donne sa certitude à l'ordre.
    (...)
    Nous croyons ainsi qu'il est un ordre dont nous ne voulons pas parce qu'il consacrerait notre démission et la fin de l'espoir humain.

    C'est pourquoi, si profondément décidés que nous soyons à aider la fondation d'un ordre enfin juste, il faut savoir aussi que nous sommes déterminés à rejeter pour toujours la célèbre phrase d'un faux grand homme et à déclarer que nous préférerons éternellement le désordre à l'injustice."

    extrait d'un article d'Albert CAMUS, paru dans "Combat" le 12 octobre 1944, repris dans le recueil "Actuelles" (Gallimard).

    By Anonymous Anonyme, at 8:55 PM  

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